JMB 2009 : Hérédité, imitation, honte
Par Alexandre le Lundi 2 novembre 2009 - Informations - Lien permanent
Continuons avec le jeu de questions / réponses proposé par le Dr Monfrais-Pfauwadel à l’occasion de la Journée Mondiale du Bégaiement. C’est aujourd’hui une jeune femme bègue qui se pose des questions sur l’origine du bégaiement - héréditaire ou imitation - et sur la façon de gérer la honte provoquée par son bégaiement.
“Bonsoir,
Je viens de voir tout ce que vous faite à propos du bégaiement, merci bien.
Je suis une tunisienne de 25 ans, je suis bègue depuis l’âge de 7ans d’après mes souvenirs. J’ai suivi une thérapie de l’âge de 7 ans jusqu’à l’âge de 15 ans et j’ai arrêté par conviction de combattre le bégaiement toute seule ; de plus mon père (aussi mon oncle) est bègue, ma sœur aînée aussi.
J’ai 2 questions:
1) Est ce que le bégaiement est héréditaire (physiologique) ou c’est de la pure imitation, surtout que ma sœur à un bébé de 6 mois alors comment procéder pour qu’il échappe au bégaiement ?
2) J’ai passé les 10 ans qui ont suivi l’arrêt de ma thérapie sans aucun problème, sans échec scolaire. J’ai même osé présenter un mémoire de fin d’étude universitaire ouverte.
Il m’arrivait d’oublier que je suis bègue, d’ignorer les réactions des autres, je me suis convaincue que c’était mon point fort, je suis différente des autres par le bégaiement, toute personne bègue est certainement exceptionnelle (puisque Marilyn Monroe l’idole de la plus part de la planète était bègue). Aujourd’hui ce n’est plus le cas, je ne suis plus la même, j’ai toujours les mêmes croyances mais plus les mêmes réactions, je rougis, j’ai honte. Pourquoi ? SVP j’ai besoin d’une réponse.
Merci pour tout.
À bientôt”
Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :
Hérédité
- Certains bégaiements sont directement héréditaires, et il y a des lignées de personnes bègues. Il est plus transmissible par les femmes bègues que par les hommes. La consanguinité augmente les risques (voir les études de Kidd et Kidd et de D Drayna actuellement). Ils ne sont pas forcément plus graves. De plus, les parents, plus conscients consultent souvent beaucoup plus tôt, et dans mon expérience, à juste titre.
- D’autres apparaissent « de nulle part » : tout simplement par que nous sommes tous des « OGM », des organismes génétiquement modifiés ! certains gènes peuvent varier, parfois se multiplier (polymorphisme génétique)…bref c’est très compliqué, mais c’est une des pistes les plus explorées actuellement. Il reste à déterminer pour quelle molécule ou quel neurotransmetteur ces gènes (qui en plus diffèrent entre l’homme et la femme) « codent », c’est-à-dire ce qu’ils commandent ; c’est en cours, en particulier sur le métabolisme de la dopamine
- Le voisinage ou l’association avec d’autres gènes de ces gènes en études (on les appelle des « gènes candidats ») peut nous permettre et de comprendre certaines associations trouvées dans les « bégaiements + »….ou d’en chercher d’autres. Cela nous montre aussi que la génétique n’est pas une fatalité et que l’on peut, averti, agir sur les facteurs environnementaux aussi tôt que faire se peut…
- Rêvons aussi qu’une thérapie génique soit possible un jour, quand tout aura été identifié
Imitation
- Il n’y a pas de bégaiement par imitation. C’est un mythe.
S’en sortir seule
- Voir une des réponses précédentes. Trois bégaiements génétiquement sur quatre disparaissent spontanément avant l’âge adulte. Laissé à lui-même, un bégaiement durerait entre un et quatre en en moyenne
Honte et rougir
- La honte est la pathologie de lien social. Elle traduit la crainte de ne pas se voir accepté ; elle s’exprime visuellement (rougir, se cacher). On n’a pas honte d’être entendu mais d’être vu en train de bégayer.
- La honte est liée à la constitution de l’identité et à la crainte que l’on peut avoir de ne pas être pris pour ce que l’on pense- ou croit être. C’est une émotion connue de tous, qui en fait attire l’indulgence. Elle devient difficile à vivre, si trop renouvelée elle alimente une perte de l’estime de soi et des comportements ou pensées auto-dévaluatives.
- Le meilleur pour la honte est : de s’en parler, honnêtement, d’en parler, de partager sur ce sujet. Les thérapies de groupes, les groupes d’entre aide, les thérapies cognitivo-comportementales sont de grande aide.
- Dans la honte, on attribue l’échec à soi-même. Sachez vous récompenser, faire valoir vos côtés positifs, parler de vos succès et de ce que vous faites bien. Valorisez-vous. Vous n’êtes pas « que » bègue ! Listez vos qualités et ce que vous faites bien… et faites le savoir. On ne peut de toute façon guère compter sur les autres pour cela.
Bon courage. Vous n’avez qu’une vie à vivre, ne laissez pas le bégaiement ou l’idée du bégaiement la vivre à votre place.
Commentaires
Moi aussi je suis bègue, j’ai 25 ans.
Je ne me rappelle pas depuis quand c’était arrivé. Tous ce que je sais que dés l’école, j’avais ce sentiment de honte que je bégué. J’évitais de participer en classe. L’étape la plus dure était les examens oraux. J’ai réussi mes études et j’ai eu ma maitrise, mais une chose me bloque c’est le bégaiment.
Le fait de ne pas pouvoir travailler parce que je bégaie ,de temps en temps je sens que ça disparait et puis il revient soudainement. Cette fin d’été j’ai décidé d’aller chez une orthophoniste et de faire des séances de thérapies. Elle m’a expliqué que j’avais pas besoin d’aller à un psy que mon bégaiement pouvait se cacher. Ca ne va disparaitre de jour en lendemain mais mon cas va s’améliorer et je dois faire des efforts. J’essaye je suis laise qu’on je suis avec elle elle ne me stress pas même qu’on je me rend chez elle je sens que je suis contente de faire ce que je fais mais dernièrement je ne me rend plus souvent je crains de en plus la séance malgré que prés quelque séance j’ai sentit que je me suis amélioré un peu même elle me la confirmé là je suis en pleine séances je crains encore la lecture même avec elle de temps en temps en lisant si elle lit avec moi ça se passe bien si nn je bégue je sais plus quoi faire j’ai deux séance que je dois faire chaque semaine mais je ne me rend qu’une fois tous les quinze jours… ça m’étouffe…. je voulais parler plus librement que je sois normal …d’avoir une vie alaise quand je parle.L’autre fois j’étais avec une amie et j’ai demandé un renseignement à un passant …avant de demander j’ai bien préparer ce que j’allais dire, j’ai choisi les mots et quand j’ai commencé à parler j’ai été bloquée… Cette amie a commencé à se moquer de moi du fait que je me suis bloqué et sur la façon avec laquelle j’ai parlé ..ça m’a fait mal mais j’avais si honte que j’ai fait semblant de ne pas l’écouter. A propos, j’ai jamais parlé avec mes amis même les plus proches de mon problème de bégaiement. Même avec ma famille j’évite d’en parler. Pour l’origine de mon bégaiement, ça peut être héréditaire car j’ai 2 oncles, une tante, 2 cousins qui bégaient même plus que moi .. Eux leur bégaiement est plus clair. Moi il peut ne pas être aperçu de temps en temps surtout quand je suis bien à l’aise et loin de toute situation de stress.
Ce que je voudrais bien savoir est ce que il y a une possibilité que ce bégaiement va disparaitre finalement. Est ce que je dois consulter un psy ? Je voudrais avoir des réponses le bégaiement est de plus en plus un handicap dans ma vie…si quelqu’un peut m’envoyer un mail d’un spécialiste pour avoir d’autres conseil. Ca sera une immense faveur…