Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :

Hérédité

  • Certains bégaiements sont directement héréditaires, et il y a des lignées de personnes bègues. Il est plus transmissible par les femmes bègues que par les hommes. La consanguinité augmente les risques (voir les études de Kidd et Kidd et de D Drayna actuellement). Ils ne sont pas forcément plus graves. De plus, les parents, plus conscients consultent souvent beaucoup plus tôt, et dans mon expérience, à juste titre.
  • D’autres apparaissent « de nulle part » : tout simplement par que nous sommes tous des « OGM », des organismes génétiquement modifiés ! certains gènes peuvent varier, parfois se multiplier (polymorphisme génétique)…bref c’est très compliqué, mais c’est une des pistes les plus explorées actuellement. Il reste à déterminer pour quelle molécule ou quel neurotransmetteur ces gènes (qui en plus diffèrent entre l’homme et la femme) « codent », c’est-à-dire ce qu’ils commandent ; c’est en cours, en particulier sur le métabolisme de la dopamine
  • Le voisinage ou l’association avec d’autres gènes de ces gènes en études (on les appelle des « gènes candidats ») peut nous permettre et de comprendre certaines associations trouvées dans les « bégaiements + »….ou d’en chercher d’autres. Cela nous montre aussi que la génétique n’est pas une fatalité et que l’on peut, averti, agir sur les facteurs environnementaux aussi tôt que faire se peut…
  • Rêvons aussi qu’une thérapie génique soit possible un jour, quand tout aura été identifié

Imitation

  • Il n’y a pas de bégaiement par imitation. C’est un mythe.

S’en sortir seule

  • Voir une des réponses précédentes. Trois bégaiements génétiquement sur quatre disparaissent spontanément avant l’âge adulte. Laissé à lui-même, un bégaiement durerait entre un et quatre en en moyenne

Honte et rougir

  • La honte est la pathologie de lien social. Elle traduit la crainte de ne pas se voir accepté ; elle s’exprime visuellement (rougir, se cacher). On n’a pas honte d’être entendu mais d’être vu en train de bégayer.
  • La honte est liée à la constitution de l’identité et à la crainte que l’on peut avoir de ne pas être pris pour ce que l’on pense- ou croit être. C’est une émotion connue de tous, qui en fait attire l’indulgence. Elle devient difficile à vivre, si trop renouvelée elle alimente une perte de l’estime de soi et des comportements ou pensées auto-dévaluatives.
  • Le meilleur pour la honte est : de s’en parler, honnêtement, d’en parler, de partager sur ce sujet. Les thérapies de groupes, les groupes d’entre aide, les thérapies cognitivo-comportementales sont de grande aide.
  • Dans la honte, on attribue l’échec à soi-même. Sachez vous récompenser, faire valoir vos côtés positifs, parler de vos succès et de ce que vous faites bien. Valorisez-vous. Vous n’êtes pas « que » bègue ! Listez vos qualités et ce que vous faites bien… et faites le savoir. On ne peut de toute façon guère compter sur les autres pour cela.

Bon courage. Vous n’avez qu’une vie à vivre, ne laissez pas le bégaiement ou l’idée du bégaiement la vivre à votre place.