JMB 2009 : Le Zyprexa
Par Alexandre le Jeudi 29 octobre 2009 - Informations - Lien permanent
Le Dr Monfrais-Pfauwadel répond à une question virulente qui fait suite à son intervention dans l’émission “La Tête au Carré” sur France Inter, le jeudi 15 octobre, de 14h à 15h (émission que vous pouvez réécouter en podcast ici).
“Madame, vous avez mentionné le Xyprexa comme médicament contre le bégaiement. N’est-ce pas dangereux vu que la notice de ce médicament mentionne de redoutables effets secondaires (tremblements de la mâchoire, la langue qui râpe le palais jusqu’au goût de sang - en fait la lymphe… - et si on parlait de désinhibition ? Les médecins prennent ça à la légère car ils ne consomment pas ce qu’ils prescrivent ; puis ils ne risquent rien car comment prouver un lien de cause à effet?). Ce médicament désinhibe le bègue, qui comme vous l’avez souligné peut aussi avoir d’autres problèmes. La désinhibition par le Xyprexa peut effectivement supprimer le bégaiement, puisque le bègue désinhibé passe plus facilement à l’acte de suicide (La littérature existe sur ce sujet tabou ; tabou car le Xyprexa est produit par une société française cotée en bourse? !). En espérant que vos conférences pour la JMB ne sont pas sponsorisées par les sociétés pharmaceutiques, Je vous pose la question : Pourquoi mettre les bègues en danger avec le Xyprexa? J’attends une réponse de votre part (sur ce blog par exemple) pour ne pas risquer de vous classer avec les charlatans que vous fustigez. D’avance merci Signé: votre auditeur d’une radio nationale”
Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :
Monsieur : Avez-vous bien écouté ? J’ai mentionné le Zyprexa qui est un neuroleptique en disant qu’il n’était pas autorisé (cette autorisation s’appelle AMM ou Autorisation de Mise sur le Marché) en France dans le traitement du bégaiement. Il a été utilisé aux USA par le Dr Gerald Maguire sur lui-même, à des doses un dixième de ce qui est prescrit en psychiatrie. (Le Dr Maguire est psychiatre et bègue – et vice-doyen d’une fac de médecine). J’ai parlé aussi de l’Abilify, qui connaît les mêmes restrictions. Tous les médicaments ont des effets désirables, et d’autres moins désirables – et qui peuvent varier de façon plus ou moins prédictible d’une personne à l’autre.
La pharmacologie et la thérapeutique sont enseignées en dernière année de médecine. On y apprend à connaître et prescrire les médicaments et à évaluer leurs effets. Les médicaments de la famille des nouveaux neuroleptiques ne se prescrivent pas comme du sirop contre la toux. Ils requièrent un suivi et une réactivité de la part du prescripteur. Ce ne sont pas des médicaments que l’on prescrit à quelqu’un qui part pour six mois. Il faut un réajustement fréquent. Une ordonnance n’est pas un chiffon de papier, c’est la mise en œuvre d’une réflexion clinique. Tout médecin est passible de sanctions pénales s’il se trompe ou encore plus s’il commet sciemment un écart…
Le risque suicidaire dont vous parlez n’est pas plus élevé pour les personnes bègues que pour les personnes schizophrènes ou les personnes psychotiques.
La garantie est justement d’aller voir un médecin…et de ne rien acheter sur Internet.
Je ne suis sponsorisée par personne. Je réponds gracieusement (j’adore ce terme) à vos questions, sur mon temps de repos ou de loisir !!!!!!!!!!!!!!!!
Commentaires
Bonjours, en fait je suis bègue depuis l’enfance, et je trouve des difficultés à faire des relations avancées avec les gens à cause de cette maladie, ben je voudrais des conseil comme que je suis ton fils car je suis fatigué .
Bonjour Hamady,
Le bégaiement est clairement un frein à la communication, c’est le propre de ce handicap (ce n’est pas une maladie). Certaines personnes bègues considèrent leur bégaiement comme un filtre leur permettant de déceler les personnes de qualité qui ne s’arrêtent pas à la superficialité désagréable du bégaiement. Ce peut être une piste de réflexion pour commencer.
Mais n’oublie pas, le bégaiement est avant tout ce que tu fais et mets en place pour éviter de bégayer.
Bonjour,
je réagis au filtre permettant de déceler les personnes de qualité. C’est surtout à la qualité de l’écoute que l’on est sensible, et ça restreint énormément le potentiel de relations dans notre entourage ou notre univers professionnel. En gros, on est tributaire des capacités des autres. On ne peut ni afficher son handicap en préalable, en disant : aimez-moi quand même, ni en vouloir aux autres de se sentir mal à l’aise en notre compagnie, puisque nous avons tant de mal à être nous-même, à être spontané. Ils ne comprennent pas la violence que l’on doit se faire pour accéder à l’acte fondateur de la relation. Ils reçoivent alors l’agressivité ou s’angoissent de nos silences hors norme, de nos apparentes incertitudes.
Le bégaiement nous isole bien au-delà du filtre des personnes sourdes ou de jugement superficiel. Le bégaiement nous rend fragiles, et fait de nous des acteurs de notre isolement, puisque celui-ci nous protège.
Depuis l’enfance je suis un marginal. Ce qui ne fait pas de moi un asocial.
Comme Hamady, je suis parfois très fatigué.
Bonjour. J’ai 23 ans et je suis bègue. Je bègue depuis l’age de 8ans. ça pourrait avoir un lien avec le fait que je suis épileptique?
Je suis élève ingénieur, en 2année.
Je n’arrête pas de penser à la soutenance que je passerai cette année, au PFE de l’année prochaine. Et l’entretien d’embauche! C’est des choses que j’essaierai carrément d’enlever de ma tête. (car là je refuse même de faire des exposés en classe).