Le plaisir de reprendre confiance en soi
Par Alexandre le Lundi 24 octobre 2005 - Témoignages - Lien permanent
J'effectue actuellement deux semaines de stage de formation dans le cadre de mon nouveau job. Bizarrement, je retrouve des sensations d'écolier que j'éprouvais autrefois, il y a bien longtemps, lorsque le bégaiement ne me gâchait pas la vie. Quel bonheur !
Depuis ma prépa jusqu'à mes derniers cours en tant qu'étudiant, je suis resté passif pendant les cours. Mon bégaiement s'aggravait, les résultats scolaires baissaient, je perdais confiance en moi, je subissais les cours. Non pas que je n'étais plus intéressé par le contenu de l'enseignement, mais je n'osais plus intervenir par honte de bégayer. J'étais parfois très frustré lorsqu'une question tournait 100 fois dans ma tête sans que je ne puisse demander une réponse.
Il fut un temps où je considérais la classe comme mon terrain de jeu, j'étais l'un des élèves les plus actifs, les résultats suivaient. C'était un lieu où je me sentais totalement à l'aise, un lieu où je me sentais dominer le sujet. En dehors des cours, j'étais bien plus introverti. Combien de fois je me suis retrouvé seul au milieu de la cour de récréation sans être remarqué par personne, invisible parmi tous ces enfants ? Mais la classe était l'endroit où je pouvais briller devant les professeurs et surtout devant mes camarades de classe. C'était un rare lieu où j'avais l'impression d'être quelqu'un.
Le bégaiement m'a progressivement enlevé cette joie, et les humiliations ont fini de m'enfermer dans un voile de silence pendant les cours. Aujourd'hui, presque un an après mes derniers cours, me voila en formation sur quelque chose qui m'intéresse vraiment. Je me sens impliqué et j'ai confiance. Je ne bégaye que rarement et j'ose à nouveau. Et quel plaisir de pouvoir parler devant les autres quand on le souhaite. Même les tours de table, autrefois tant redoutés, sont devenus des moments d'échange sans obstacle. Je peux à nouveau poser mes questions, lancer des affirmations librement, m'implquer dans l'échange oral. C'est con à dire mais j'ai l'impression de renaître en retrouvant une place dans la société. En tout cas ça fait très plaisir de retrouver toutes ces vieilles sensations que j'avais presque oublié.
Commentaires
Bien triste témoignage, Alexandre...
je suis contente pour toi, mais je suis familière des crises d'angoisse (heureusement c'est passé depuis quelques années) et je comprends ce que tu as vécu. Ces choses malfaisantes qui nous ôtent notre confiance, que ce soit le bégaiement, les phobies ou angoisse, le stress en définitive dû à mon sens à une société qui ne pardonne ni ne nous fait savoir qu'elle a besoin de nous, le devoir d'être au top non pas pour soi-même mais pour simplement avoir le droit d'exister... Ca me touche beaucoup.
Je ne sais pas si le bégaiement relève de la "sensation forte", car dans mon cas tout sentiment qu'il soit positif ou négatif était devenu ingérable, mais je pense que ce qui fait de ces handicaps un cercle vicieux c'est la peur de la peur... En redoutant de stresser on a déjà fait ma moitié du chemin vers le vrai stress... Et le dire ou le réaliser ne change rien, il faut à force d'effort le gèrer.
Pouvoir vivre les choses comme "avant", c'est un but qui a sa valeur, bon courage!!! ^_^
Ah oui, lâinsouciance de lâenfance⦠Câétait un temps où je pouvais parler et agir sans considérer le jugement des autres.
Tiens, tout ça me rappelle une petite anecdote. La dernière personne à mâavoir parlé librement de mon bégaiement était un petit garçon dâenviron 7 ans. Il me demanda sans détour pourquoi est-ce que je « sifflais » en parlant. Un peu interloqué, jâai réfléchi pendant quelques secondes avant de lui répondre quâen effet, jâavais quelques petits problèmes lorsque je parlais, mais que je ne savais pas dâoù ça venait. Lâenfant ne semblait pas apporter plus dâattention à la chose et mon explication lui convenait. Il reprit sa partie sur sa Playstation. Après coup, je suis touché par la candeur de cet enfant et je me prends à imaginer un monde où les relations humaines serraient aussi simples et innocentes. Y bégaierais-je toujours ?
Pour en revenir à ta question, le bégaiement comme « sensation forte », la réponse en ce qui me concerne est non, en tout cas au quotidien. Dans mes relations journalières avec les autres, je nâaccorde plus dâimportance à ce que pensent les autres et je ne suis pas stressé. Par contre, les sensations fortes arrivent un peu avant les moments où je sais que je devrais parler pour présenter quelque chose (voir longtemps avant, en mâimaginant en situation de bégayer). Câest typiquement le cas avant les entretiens dâembauche ou avant des réunions importantes (bien que ce ne soit pas systématique). Alors il mâarrive de stresser vraiment très fort (panique, transpiration, pulsation cardiaque rapide, forte tensionâ¦). Heureusement ces situations mâarrivent de moins en moins (ça fait bien 6 mois que je nâai plus ressenti cela). Cela dit, je suis persuadé que des personnes non bègues ressentent le même stress dans des situations « à risques », seulement, chez moi, ça se manifeste par un fort bégaiement tandis que dâautres trembleront, auront les mains moites, etc.
En me relisant, j'ai parfois l'impression de faire passer un message assez pessimiste, voire pathétique. Je n'aime vraiment pas ça. Je ne voudrais sourtout pas laisser penser que les bègues sont de "pauvres personnes malheureuses" qu'il faudrait prendre en pitié (ah ça non !). Je ne voudrais pas non plus miner le moral des visiteurs.
Comme tu le disais dans un de tes posts sur ton blog, Nabi, les lecteurs peuvent avoir l'impression que le bégaiement est quelque chose d'horrible qui m'accapare à chaque instant comme il accapare ce blog, mais ce n'est pas le cas (même s'il avait pris un place prédominante à une époque de ma vie). Heureusement...
Je ne te trouve pas misérabiliste, encore moins pathétique dans tes écrits. Au contraire, tes témoignages sont souvent tournés vers l'effort sur soi et les encouragements. Ce n'est que mon opinion, il faut attendre le feedback de personnes concernées par le sujet! ^_°
Alexandre,
Je ne crois pas qu'à travers ton blog tu passes des messages pessimistes, je vois juste que tu es bien placé pour parler des sentiments, du quotidien, des rêves d'un bégue, moi-même en lisant ton parcours, je me suis rendu compte des choses que je vis sans savoir, ou des sensations, ou autres ...ce que je veux dire je crois que je ne suis pas à l'écoute de moi même, ton blog était comme un miroir de ce que je resens, parce que tout simplement j'en parle à personne, je suis livrée à moi même.
Merci toutes deux de me donner votre ressenti sur le ton de la ligne éditoriale du blog (euh... enfin c'est un bien grand mot quand même lol).
En tout cas, je suis très heureux d'apprendre que ce que je raconte peut participer à l'ouverture d'esprit de bègues sur leur propre bégaiement.
comme les personnes le disent tu es bien placé pour en parler moi aussi je bégaye mais il y a certaine période ou çà va donc la confiance en soi et les émotions sont des facteurs important dans l'aggravation du bégaiement je vois bien que quand je suis contente souriante on ne remarque pas mon bégaiement çà ne m'a pas empeché de faire des faire des formation dans le métier paramédical et les intervenants que j'avais m'ont beaucoup appris et çà me permet de faire ma propre analyse et de me remettre en question je suis contente pour toi si çà va mieu ton blog et ton expérience sont un message d'espoir pour d'autre personnes donc à travers ton expérience tu les aide à ta manière .
Bonjour !
En complément je vous recommande les articles suivants
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... et plus généralement le blog
http://1000petitsriens.blogspot.com/
On y découvre, au fil des semaines, les astuces dont recèlent la psychologie sociale, la PNL et bien d'autres disciplines pour améliorer vos relations avec les autres au quotidien.
A+ Angelo