Sorj Chalandon, journaliste à Libération, signe ici un premier roman fortement autobiographique: il met en scène un jeune garçon bègue de douze ans. Pour fuir la solitude et les moqueries de ses camarades, il va se créer un double avec qui il ne bégaie jamais: le petit Bonzi. Il lui raconte ses misères et essaie de trouver avec lui un remède miracle pour guérir: il va donc manger de l'herbe ! A ses risques et périls... Jacques Rougeron va peu à peu sombrer dans l'imagination la plus débridée et mentir à ses parents ou à son instituteur.

Le charme de ce roman vient avant tout du destin du jeune héros: n'arrivant pas à prononcer les mots les plus simples, il a toutefois un amour immodéré des mots: il possède un cahier secret où il note minutieusement les mots difficiles qu'il apprend au fur et à mesure, qu'il prononce en lui-même ou...à Bonzi.

Le petit Bonzi est d'abord un roman d'apprentissage d'un enfant qui accepte peu à peu son handicap: il rencontrera sur son chemin des tuteurs qui l'aideront, notamment son instituteur, le personnage le plus subtil du roman: d'abord présenté comme un enseignant sévère et caricatural, il affirme peu à peu son humanité en prenant la défense du petit Jacques.

Ce roman ne vaut pas pour sa qualité littéraire même si l'auteur sait rendre à merveille le langage de l'enfance. Il s'adresse à toutes les âmes sensibles aux récits d'enfance et aux lecteurs qui s'intéressent d'abord à la sensibilité des personnages.


[Critique de Sylvie, sur son blog : passiondeslivres.over-blog.com]