Le Discours d’un roi, le film hollywoodien, prétendant à 12 Oscars, racontant l’histoire du Roi George VI faisant face à son bégaiement, fait le buzz partout, aussi bien dans la sphère du bégaiement que dans les médias généralistes.

En France, à l’image de ce qu’il s’est passé aux États-Unis il y a quelques semaines à la sortie du film, l’Association Parole Bégaiement a sauté sur l’occasion pour organiser des projections suivis de débat dans beaucoup de villes en France. Les bénévoles de l’APB, orthophonistes comme personnes bègues, sont formidables à ce niveau et je leur tire mon chapeau. Les médias généralistes, devant le succès de ce film formaté pour les Oscars, se ruent sur les témoignages de personnes bègues, d’orthophonistes et d’organisateurs de stage. Le battage médiatique n’a jamais fait autant parler de bégaiement, plus encore que lors d’une Journée Mondiale du bégaiement qui a lieu chaque année le 22 octobre.

Tout cela fait écho aux bouillonnements auxquelles on a pu assister sur les blogs de personnes bègues, Tom Weidig, Olivier et Laurent, mais aussi sur le Forum du bégaiement. La société française Wildbunch qui distribue le film en France a d’ailleurs bien joué le coup en offrant des places aux membres du forum. Et c’est avec un grand plaisir que je me suis mêlé à ce buzz.

Je n’ai pas encore vu le film, mais je suis d’ores et déjà épaté par la couverture médiatique de l’évènement et les retours bénéfiques pour une meilleure connaissance du bégaiement. Et c’est pour moi le plus important. Les spectateurs sont pour la première fois, plongés dans les frustrations et les souffrances d’une personne qui bégaie. Et il semble que cela n’avait jamais été fait avec tant de justesse.

Pour la “communauté militante du bégaiement”, ce film est l’espoir d’informer davantage les gens sur le bégaiement. Par exemple, on insiste sur la prise en charge précoce : consulter une orthophoniste dès les premiers signes d’apparition de bégaiement (vers 3-4 ans le plus souvent), sans attendre comme trop de médecins le recommandent souvent, est essentiel. En revanche, je m’attriste des voix discordantes sur les causes du bégaiement. Force est de constater que ça part dans tous les sens, et que souvent, d’énormes âneries sont dites même de la part d’orthophonistes “spécialistes”. Pourquoi ne pas rester factuel en s’arrêtant sur les données scientifiques prouvées :

  • 3 gènes altérés dans le bégaiement ont été découverts
  • les mécanismes neurologiques de réparation du bégaiement, liés à la latéralisation du langage, sont identifiés (pour plus d’infos)

Le reste n’est que supputations et interprétations plus ou moins inspirées. Par exemple : Le bégaiement serait une mauvaise coordination de pensée avec la parole. ou encore Toutes les personnes qui bégaient aiment parler. Le bégaiement s’installe peut être parce que la personne aime parler. Mais encore ? Je comprends que chacun se soit construit une vision du bégaiement, faute de connaissance scientifique satisfaisante. Il est regrettable que chacun veuille en faire des vérités en les balançant sur les médias. A ce titre, si l’on pouvait arrêter d’entendre les théories plus ou moins fumeuses de “chocs psychologiques” liés à tel ou tel évènement (rien de mieux pour culpabiliser les parents qui divorcent, qui déménagent, etc.).

Cela dit, je suis très content de toute l’énergie déployée autour de ce film Le Discours d’un roi. Globalement, ça va quand même dans le bon sens.